En 1971, les quatre services de Santé fusionnèrent. A la formation traditionnelle des médecins de l'armée de terre, d'outre-mer et de l'armée de l'air, s'ajouta celle de la marine, conséquence de l'homogénéisation avec l’École de Bordeaux.
En contrepartie, les élèves doivent abandonner leur cher "képi rouge" contre une tenue bleu inter-arme, mais aussi leur tenue de cérémonie, dite "tenue Pinder". Héritée de Strasbourg, si elle fut plusieurs fois abandonnée, elle fut à chaque fois remise à l'ordre du jour.
L'École de Berthelot, chroniquement trop petite, déjà agrandie depuis sa création, était devenue peu apte à remplir sa mission. En 1970, la reconstruction était officiellement décidée, et le terrain choisi sur l'ancienne base aérienne de Bron. Les élèves ont gardé de l'ancienne École de nombreux souvenirs : plaques commémoratives, photos, le monument aux morts et son inscription "Souviens-toi", la cloche fondue dans les canons d'Alger portant l'inscription "Hier canons d'Alger, aujourd'hui airain sacré, je bénis la souffrance et pleure le trépas des braves".
Après plusieurs semaines de déménagement, un adieu ému au cinéma "Le Comoedia", au "quartier latin", ayant rendu leur vieille École et l'hôpital Villemanzy à la ville, les Santards entraient le 10 juillet 1981 au 331 avenue Franklin Roosevelt à Bron.
La nouvelle "Boate", qui devait en théorie accueillir les deux Écoles de Lyon et de Bordeaux, couvre trente hectares. Les trois bâtiments principaux, rebaptisés Percy, Larrey et Desgenettes à la demande des élèves abritent les logements des élèves ainsi que les amphithéâtres, la bibliothèque, des salles de cours, et le musée de tradition sur lequel veille Anatole, le vénérable squelette de la "bibal" amené pieusement à Bron.
Vue aérienne de l'actuelle École de Santé des Armées à Bron
Les anciennes fresques du foyer des élèves dans les caves de Berthelot, peintes à même le mur par Fourcade et Délivré, furent refaites par Dordain notamment, et ornent le nouveau foyer ainsi que l'infirmerie.
Le poste de sécurité a remplacé le "sphincter", c'est à dire l'ancien concierge de l'École. Le poste de commandement, rapidement rebaptisé "l'aquarium" par les élèves, domine la place d'arme. Il abrite l'essentiel des autorités, mais aussi la salle d'honneur dite "Salle Du Barry" en mémoire de la comtesse qui avait offert sa bibliothèque à l'Hôpital Militaire du Gros Caillou (qui fut remplacé par le Val de Grâce). Cette bibliothèque contient les livres du médecin principal Rouis, commandant en second l'École Impériale du Service de Santé Militaire de Strasbourg.
Les "boumesses" maternelles qui astiquaient les chambres des élèves ne résistent plus qu'au fond de quelques couloirs à l'assaut des entreprises de nettoyage qui font reluire les vastes surfaces de l'École.
Les études de médecine se sont encore rallongées : neuf ans...
Insignes des actuelles ESA (à gauche) et EMSLB (à droite)
Depuis 2016, l’École de Santé des Armées a accueilli encore de nouveaux arrivants. En effet, les infirmiers militaires de l’École du Personnel Paramédical des Armées quittent le ciel bleu de la rade de Toulon pour rejoindre Bron, formant ainsi les Écoles Militaires de Santé de Lyon-Bron (ou EMSLB, acronyme qui attirera maintes railleries de la part des élèves). Cette transition n’a pas été simple dans ces débuts : quand les infirmiers laissaient derrière eux la mer, leur École et leurs Traditions, les Santards durent apprendre à partager leur graille, leur Foy’s leur Cuvette et leurs logements…
Cette nouvelle population obligea la strasse à lancer la construction d’un nouveau bâtiment, le Catalpa Girard-Mangin, qui brisa plus d’un néo-P2 dont le rêve secret était de rejoindre le sacro-saint Bâtiment des Aspirants, plus connu sous le nom de Bataspi.
« Telle est l'École du Service de Santé des Armées aujourd'hui. Depuis plus d'un siècle, elle a changé de lieu et aussi de nom. Mais elle n'a jamais cessé de remplir sa mission et de maintenir ses traditions. (...) Depuis 1889, près de douze mille élèves y ont appris leur métier de médecin, pharmacien et vétérinaire militaires (...). »